- ARMES ET ARMEMENTS - Armes légères
- ARMES ET ARMEMENTS - Armes légèresLes armes de guerre légères sont l’apanage du combattant à pied. Si cette désignation est traditionnellement réservée à des armes comme le pistolet et le fusil, il est désormais impossible de ne pas l’étendre à une famille beaucoup plus vaste faisant appel à des techniques variées, mais dont tous les éléments ont certaines caractéristiques communes.Étant au service du combattant à pied, ces armes doivent le gêner le moins possible dans ses évolutions: marche, course, saut, rampé, accès dans les véhicules; elles répondent donc à des impératifs de poids et d’encombrement très sévères. Les limites les plus couramment admises, dans ce domaine, sont pour les armes d’appoint 1 kg et 30 cm, pour une arme individuelle de base 4 kg et 80 cm, et pour une arme collective de 10 à 12 kg et 1,2 m en deux éléments au plus. Comme le fantassin, elles sont aptes au service, en tout temps et en tout lieu. Leur fonctionnement doit, de ce fait, être assuré de 漣 50 à + 55 0C, sous la pluie, la neige, après passage ou chute dans l’eau, dans la boue, dans la poussière ou sur le sable, qu’elles soient lubrifiées ou encrassées.Quels que soient les appuis dont il puisse bénéficier – artillerie, blindés, génie, aviation – dans les phases les plus critiques de son combat, l’assaut, la défense rapprochée ou le corps à corps, le fantassin ne peut compter que sur ses propres armes. Elles ont donc le privilège de remplir à faible portée un rôle normalement dévolu à des armes lourdes et encombrantes. Leur puissance spécifique est donc souvent considérable.Il faut, enfin, que le combattant à pied puisse atteindre son adversaire quel que soit le mode de locomotion ou de protection qu’il utilise: abris, tranchées, bonds rapides, véhicules blindés ou non, parachute, hélicoptère, avion. Malgré un souci de standardisation et de simplification poussé à l’extrême, la technique moderne n’a pu répondre à ces impératifs que par un accroissement de la variété des armes légères.L’armement du fantassin a considérablement évolué et l’on peut dire sans grand risque qu’il évoluera encore beaucoup d’ici à l’an 2000.En effet on a assisté à la généralisation d’emploi de l’arme automatique individuelle de petit calibre, ce qui s’est traduit en France par l’adoption du FA.MAS 5,56 F1 (fusil automatique; Manufacture d’armes de Saint-Étienne). L’électronique a envahi le champ de bataille, y compris dans l’armement de base de l’infanterie avec tous les systèmes d’aide à la visée nocturne, et l’autopropulsion met à la disposition du fantassin des systèmes d’arme dont la puissance de feu égale celle de l’artillerie.La constante recherche de l’amélioration de la probabilité d’atteinte aura dégagé de nouveaux concepts d’armes dites légères, mais elle aura également provoqué un retour aux sources avec la réapparition des munitions sans douille dont l’arme G 11 est naturellement le prototype de système d’arme du futur.1. Les armes légères antipersonnel à tir tenduLes armes légères à tir tendu sont destinées à atteindre le combattant adverse de plein fouet par pointage à vue directe. Il faut donc que la trajectoire de leurs projectiles soit aussi tendue que possible, pour augmenter la probabilité d’atteinte, en cas d’erreur d’appréciation de distance commise par le tireur.Toutes les armes en service utilisent des munitions encartouchées. Leurs projectiles sont stabilisés par rotation et propulsés uniquement par effet canon . La cartouche est maintenue dans la partie arrière du canon, appelée chambre, par une pièce de fermeture, appelée culasse. Les gaz de la poudre, emprisonnés dans l’étui, poussent la balle à travers l’âme du canon, et la forcent à prendre les rayures chargées de lui imprimer un mouvement de rotation. Les opérations nécessaires au tir d’un coup de feu sont au nombre de neuf: approvisionnement, introduction, fermeture, verrouillage, percussion, déverrouillage, ouverture, extraction, éjection.Suivant le principe utilisé pour leur chargement, on distingue:– les armes coup par coup, qui exigent l’introduction manuelle de chaque cartouche;– les armes à répétition, dont l’alimentation se fait par l’intermédiaire d’un levier de manipulation;– un certain nombre de cartouches ont été disposées, au préalable, dans un magasin ou un chargeur;– les armes semi-automatiques, ne nécessitant, après approvisionnement par chargeur, que l’action du doigt sur la détente pour chaque coup tiré (ces trois premiers principes ne sont plus guère utilisés que dans des armes de chasse ou pour des pistolets dits parfois automatiques); les armes automatiques, dans lesquelles l’action sur la détente entraîne le départ d’une rafale, interrompue lorsque le tireur cesse son action. Ces armes sont alimentées par chargeur ou par bandes.Les armes semi-automatiques et automatiques se différencient par leur système de fermeture et le principe moteur utilisé pour assurer leur fonctionnement. On distingue, dans les armes à culasse non calée , les systèmes à inertie utilisant la pression exercée par les gaz de poudre sur le fond de l’étui pour agir sur une culasse coulissante dont l’inertie est seule à assurer la fermeture de la chambre, pendant le trajet du projectile dans le canon. Dans les systèmes à amplification d’inertie, le culot de l’étui agit sur une pièce intermédiaire, appelée tête mobile, qui imprime à la culasse un mouvement longitudinal, beaucoup plus rapide que le sien, par l’intermédiaire d’un levier (cas du fusil automatique FA.MAS 5,56 F1) ou de rouleaux s’appuyant sur la carcasse de l’arme, appelée plus communément boîte de culasse.Dans les armes à culasse calée existent entre autres: les systèmes à emprunt de gaz, utilisant l’action des gaz prélevés en un point du canon pour assurer le recul des pièces du mécanisme et les systèmes à recul de canon dans lesquels la culasse, étant solidaire du canon seul, recule avec ce dernier par rapport à la boîte de culasse, sous l’action de la pression des gaz sur le fond de l’étui. Après le départ du projectile, l’ensemble canon-culasse est manœuvré par des leviers ou des cames solidaires de la boîte de culasse. Dans tous les cas, le retour en batterie des pièces du mécanisme est assuré par un ressort récupérateur.Les armes à culasse calée se distinguent également par leur système de verrouillage dont la variété est considérable. On peut néanmoins citer deux des plus courants: le système à verrou tournant autour de l’axe du canon, dit Mannlicher, du nom de son inventeur; le système à culasse béquille dont le verrouillage s’effectue par basculement autour d’un axe perpendiculaire à l’axe du canon.Pratiquement, le système de pointage le plus couramment employé sur ces armes demeure le guidon associé à une hausse à œilleton ou à cran de mire, éléments plus ou moins réglables en dérive ou en portée. Toutefois, afin d’accroître la probabilité d’atteinte, la tendance actuelle est orientée vers le remplacement des organes métalliques de visée par des viseurs clairs. Ce sont des ensembles optiques de grandissement égal à l’unité et qui, en dépit de la perte de rusticité, présentent de nombreux avantages dont les principaux sont:– l’acquisition et l’identification de la cible avec les deux yeux;– l’alignement rapide de l’arme sur le but par simple mise en coïncidence d’un repère du viseur sur la cible.Pour aider le tir en éclairage crépusculaire, certaines armes disposent d’accessoires radioluminescents permettant le tir jusque vers 50 m environ. En cas de tir de nuit, les armes peuvent être équipées de dispositifs d’aide à la vision nocturne ou d’illuminateurs actifs dans l’infrarouge. L’intérêt essentiel des premiers systèmes réside dans le fait que, purement passifs, ils sont donc indétectables. Les systèmes à intensification de la lumière résiduelle (d’un niveau parfois bien inférieure à cette «obscure clarté qui tombe des étoiles») permettent le tir ajusté jusqu’à 300 m, voire 400 m.L’amélioration constante de la technologie de ces dispositifs a permis d’en abaisser le poids au-dessous de 2 kg, et même d’avantage.Dans le cas de tirs au jeté, à très courte distance, les armes portatives peuvent être équipées de désignateur à faisceau laser procurant un accroîssement de la probabilité d’atteinte très notable (cas de tir de neutralisation pour la police par exemple). Enfin, pour les tirs lointains et précis, les armes d’épaule et les armes collectives peuvent être équipées de lunettes optiques spéciales.Une des caractéristiques essentielles des armes à tir tendu est leur précision. Elle est contrôlée en effectuant des tirs de groupement, c’est-à-dire à visée constante sur des panneaux verticaux placés à une distance correspondant aux performances de l’arme (50, 100, 200 m). Le critère utilisé pour l’apprécier est, en France, le (H + L ) ou demi-périmètre du rectangle vertical englobant tous les impacts du groupement (H est la hauteur du rectangle, L sa largeur). Aujourd’hui, on tend à substituer à cette notion de (H + L ) celle d’estimateur de la précision s , cette grandeur se prêtant mieux à une analyse statistique des résultats moyennant certaines hypothèses sur les populations observées. Par définition s est égal à la racine carrée de la demi-somme des carrés des écarts types de la dispersion des impacts mesurée par rapport à deux axes perpendiculaires. Pour porter un jugement à peu près valable sur une arme, il faut prendre la moyenne d’au moins 3 séries de 10 coups, sans aucune élimination. Le milieu du groupement est appelé point moyen. La distance du point moyen au point visé caractérise la justesse d’une arme.Toutes les armes utilisant l’effet canon sont tributaires du principe de l’action et de la réaction. L’ensemble de l’arme et de son projectile pouvant être considéré comme isolé dans l’espace, sa quantité de mouvement reste invariable pendant toute la durée du coup de feu. Si nous appelons i l’impulsion globale correspondant au mouvement de la balle et à l’éjection des gaz de poudre, la masse m de l’arme est animée, après le départ du projectile, d’une vitesse v de sens contraire et telle que: mv = i .L’arme aura donc acquis de ce fait une énergie: E = 1/2 (mv 2) = i 2/2m qui représente le travail à fournir par le tireur pour amortir le recul de l’arme. On voit immédiatement que, pour une munition donnée, cet effort sera d’autant plus grand que le poids de l’arme sera plus faible.Ce qui suit est fondamental pour comprendre au moins un des «pourquoi» de la profonde évolution qui a été constatée sur le plan de l’armement individuel au cours des vingt dernières années.En effet, dans la mesure où la mission dévolue au fusil est bornée à 300 m pour le tir à tuer, l’ensemble des munitions en service aux alentours des années 1960 offraient une énergie à la bouche surabondante et, par là même, communiquaient au tireur une impulsion telle qu’il ne pouvait contrôler efficacement le pointage de son arme lors du tir en rafale. Or, lors de la phase finale de l’assaut, ou en situation défensive pour briser cet assaut, l’emploi du tir par rafale est indispensable. Cet aspect des choses a pesé très lourdement dans l’échec constaté sur le plan tactique pour les armes automatiques individuelles tirant par exemple la cartouche de 7,62 O.T.A.N. Ce fut le cas, notamment, des armes apparues entre 1960 et 1970 (M 14, G 3, FN FAL, AR 10... ou de leurs dérivés).Cet échec ne remet pas en cause la valeur intrinsèque de la cartouche de 7,62 O.T.A.N. (.308W) pour une arme collective d’appui, mais il a provoqué indirectement l’apparition d’une nouvelle cartouche, dite de 5,56 (cf. la cartouche 223 R dans le tableau) qui a donné naissance à toute une famille de fusils d’assaut, du M16 américain au SIG 540 suisse, en passant par le fusil français FA.MAS 5,56 F1.Dans le tableau, il est intéressant de comparer les valeurs de l’énergie à la bouche disponible pour les différentes cartouches y figurant. À noter que la cartouche du AK 47 est de la classe des 2 000 joules, valeur intermédiaire entre celles des munitions actuelles (voisines de 1 700 J) et celle surpuissante de la 7,62 O.T.A.N. Cette question de l’impulsion aura une autre retombée importante avec le système G 11 à munition sans douille.MunitionsLes munitions employées dans les armes antipersonnel à tir tendu sont du type encartouché. Les quatre éléments constituant un «coup» complet, appelé cartouche, sont: la balle, l’étui, la poudre et l’amorce.Les balles ne doivent être ni explosives, ni expansives (conventions de La Haye). De ce fait, elles présentent une enveloppe continue de la pointe au culot, faite d’un métal ductile qui, s’imprimant dans les rayures du canon, met le projectile en rotation. Leur forme et leur poids dépendent des données de balistique intérieure et extérieure, répondant le mieux au but recherché. On distingue: les balles ordinaires à usage antipersonnel; les balles traceuses, destinées à matérialiser la trajectoire, pour faciliter les tirs sur but mobile; les balles perforantes à noyau particulièrement dur, destinées à percer les blindages de faible épaisseur; les balles traceuses-perforantes, qui sont un compromis des deux précédentes; et, enfin, les balles incendiaires destinées à mettre le feu aux réservoirs de véhicules.Pour l’instruction, il est fait usage de diverses cartouches dont, en particulier, une cartouche à balle très légère en matière plastique dont la portée dangereuse est limitée à 300 m environ, tout en conservant la même balistique que celle de la balle de la cartouche de guerre pendant les cent premiers mètres.À l’occasion de divers grands programmes, il est parfois fait allusion à des projectiles qui ne peuvent plus porter le nom de balle. Il s’agit par exemple des fléchettes du programme «Salvo». Ce programme américain était destiné à accroître la probabilité d’atteinte au premier coup, par le tir simultané d’un très grand nombre de projectiles.L’étui joue un triple rôle. Il sert d’emballage étanche pour la poudre et l’amorce, d’obturateur de chambre, et d’élément actif dans les opérations d’alimentation de l’arme: approvisionnement, introduction, extraction, éjection. Il est entièrement métallique: laiton ou acier doux verni. Il est de forme cylindrique ou cylindro-conique suivant la puissance de la munition. Sa partie arrière, ou culot, est pourvue d’un bourrelet ou d’une gorge pour permettre l’extraction. Compte tenu des facilités d’alimentation qu’ils procurent, les étuis à gorge ont progressivement éliminé les étuis à bourrelet, dans les armes automatiques.En quelque sorte, l’étui, c’est le squelette de la cartouche qui assure la cohésion et la protection des éléments de celle-ci, en particulier pour les éléments pyrotechniques. L’étui a joué un rôle capital lors de l’apparition de la mitrailleuse vers 1860. Si l’étui a permis la naissance d’un certain armement, il porte également les germes de sa propre disparition. En effet, son poids représente approximativement 50 p. 100 du poids d’une munition de petit calibre. En outre, avec une consommation journalière moyenne observée supérieure à 100 cartouches par homme, on voit que, dans un conflit, l’infanterie abandonne sur le terrain tous les mois des milliers de tonnes d’étuis de cartouches de petit calibre.Compte tenu de ces éléments, on com-prend mieux les raisons industrielles, financières, techniques et logistiques qui ont milité pour le remplacement de cet étui métallique, en matériau stratégique (laiton), d’abord par des matières moins pondéreuses ou moins critiques (alliages légers ou matières plastiques), voire ensuite par la suppression pure et simple de la douille au profit de la munition sans douille (m.s.d.).Les poudres utilisées sont toutes du type dit «sans fumée» à base de nitrocellulose. De plus, leur composition globale est définie en terme de constituants ou bases. Elles sont dites à simple base ou poudre B si la nitrocellulose utilisée est leur constituant principal, à double base en GB si la nitrocellulose utilisée a été gelatinisée par de la nitroglycérine, etc. Elles se distinguent par leur potentiel (voisin de 900 cal/g) et leur vivacité qui sont fonction de leur composition, et par leur progressivité qui dépend de la forme des brins: sphères, paillettes, tubes ou bâtonnets multiperforés. Leur pression maximale d’emploi se situe, en général, entre 200 et 300 mégapascals.L’amorce, destinée à enflammer la poudre sous l’action du choc transmis par la pointe du percuteur, se compose de deux ou trois parties. L’explosif d’amorçage se trouve en effet emprisonné entre le couvre-amorce, assurant l’étanchéité et la sécurité de fonctionnement, et l’enclume qui fait souvent partie de l’étui. Dans le cas de munitions sans douille (m.s.d.), bien entendu, la cartouche est réalisée autour d’un bloc de poudre comprimée qui contient une amorce entièrement combustible (donc sans alvéole ni enclume métallique) et qui supporte le projectile.Une petite charge d’allumage placée devant l’amorce assure d’abord une mise à poste du projectile dans le tube sur les rayures et ensuite une fragmentation rapide du bloc de poudre, ce qui permet une combustion correcte de la poudre.Il est désormais couramment admis en Europe de désigner les munitions par leur calibre nominal suivi de la hauteur de l’étui exprimés en millimètres, le calibre n’étant pas le diamètre de la balle, mais celui de l’âme du canon pour lequel elle a été étudiée. La cartouche standard de l’O.T.A.N. s’appelle ainsi: 7,62 憐 51 (fig. 1).Les caractéristiques les plus couramment employées pour définir une munition sont: le poids total de la cartouche, le poids de la balle, son coefficient balistique, sa vitesse initiale et son énergie à la bouche. Une balle a une trajectoire d’autant plus tendue et des vitesses restantes d’autant plus élevées que son coefficient balistique est relativement petit (cf. tableau).Cette proposition peut être illustrée par la comparaison de la balistique extérieure des projectiles de deux munitions, la 5,56 憐 45 à balle M1 93 et la cartouche de 5,45 憐 39 des pays de l’Est. Les projectiles de ces deux cartouches ont la même énergie restante à 300 m, bien que leur vitesse initiale diffère de près de 10 p. 100.Avant 300 m, la balle M1 93 offre une énergie supérieure à celle du projectile de 5,45 mm, au-delà c’est l’inverse. En effet, mieux profilé, le projectile de 5,45 «traîne» moins que la balle M1 93, et la valeur de son coefficient balistique est plus petite que celle de la balle de 5,56.Aucun des critères retenus pour caractériser une munition ne fait apparaître la notion pourtant essentielle d’efficacité contre le personnel. Cette action dépendant du poids, de la stabilité, de la constitution et de la vitesse de la balle est très loin d’être une fonction directe de l’énergie à la bouche. Les études dans ce domaine ont été et sont encore très nombreuses, mais leurs résultats sont loin de faire l’unanimité des spécialistes.Elles ont d’abord eu pour but de définir la puissance meurtrière, ou pouvoir vulnérant. Tâche pratiquement impossible, puisque quelques millimètres suffisent parfois pour changer complètement les conséquences d’une blessure.Une autre notion, fondée sur certains faits vécus, a fait plus récemment son apparition: la puissance d’arrêt. Au combat, la mort de l’adversaire n’est pas indispensable, elle peut même être insuffisante dans la mesure où une blessure mortelle ne signifie pas la mort immédiate, l’adversaire continuant à faire usage de ses armes pendant un délai plus ou moins long. L’essentiel est au contraire d’obtenir une mise hors de combat instantanée sans qu’elle soit nécessairement définitive. L’exemple typique du phénomène recherché est le knock-out du boxeur. Il était de tradition de gratifier certaines munitions de ce pouvoir magique: balle .45 (11,43 mm) du pistolet Colt américain pendant la Seconde Guerre mondiale, balle .223 (5,56 憐 45) durant la guerre du Vietnam. Il est avéré qu’à partir d’une certaine vitesse les projectiles engendrent des phénomènes dont l’ampleur dépasse largement le calibre: ondes de choc dans l’air, cavitation dans les liquides. Plusieurs critères ont été proposés pour mettre ce genre de phénomène en évidence.Un des plus courants consiste à tirer dans un bloc de gélatine spéciale, ayant la consistance des muscles humains. Or, si le passage d’une balle .223 dans un tel bloc aboutit pratiquement à son explosion, celui de la balle .45 est pratiquement limité à une simple perforation. C’est dire les incertitudes qui règnent encore dans ce domaine.Armes de poingLes armes de poing sont des armes de complément destinées à équiper les combattants qui assurent des fonctions de commandement, ou servent des armes ou des matériels lourds. Elles sont du type pistolet ou, de plus en plus rarement, du type revolver. Les pistolets, bien qu’ils soient souvent qualifiés d’automatiques, ne sont en réalité que des armes semi-automatiques, à culasse calée, alimentées par des chargeurs de 8 à 15 cartouches. Il existe, dans cette catégorie, des armes automatiques permettant grâce à un sélecteur le tir coup par coup et les tirs en rafale. Leur efficacité, dans ce dernier mode de tir, a toujours été considérée comme douteuse. Il semble néanmoins que l’armée soviétique ait adopté une arme de ce genre. De toute façon, la portée utile des armes de poing est de l’ordre de 25 m au maximum pour la moyenne des combattants. Le modèle le plus réussi de cette catégorie fut le pistolet P 38 qui équipait l’armée allemande lors de la Seconde Guerre mondiale. L’arme pèse 780 g à vide, tirant la cartouche de 9 憐 19, alimenté par chargeurs de 8 coups: il présente l’avantage de pouvoir être transporté dans son étui, prêt à faire feu, dans des conditions de sécurité équivalentes à celles des revolvers. L’arme étant approvisionnée avec une cartouche dans la chambre, chien à l’abattu, sûreté enlevée, il suffit, grâce à un système de réarmement spécial, d’appuyer fortement sur la détente pour faire partir le premier coup. Les coups suivants ne nécessitent qu’un effort normal, le chien étant alors armé par le recul de la glissière. Le mécanisme de mise de feu d’une telle arme est dit à double action. Sans modifier le principe de fonctionnement des pistolets, système datant du début du XXe siècle, de gros efforts ont été faits pour accroître l’efficacité de ces armes tant sur le plan de la sécurité que sur celui de l’aptitude au combat. Ces études, principalement ergonomiques, ont concerné essentiellement la prise en main et les organes de visée; le pistolet allemand PSP peut représenter une synthèse de toutes ces études. Tous les projets militaires sont conçus pour la cartouche de 9 mm et sont à double action.Armes d’épauleLes armes d’épaule sont des armes de base, constituant l’armement essentiel des combattants à pied, les plus mobiles. Bien qu’elles soient de types très différents, ces armes ont en commun d’exiger l’appui de l’épaule pour donner des résultats convenables. On distingue dans cette catégorie: les pistolets mitrailleurs, les fusils à répétition, les fusils semi-automatiques et automatiques.Les pistolets mitrailleurs, après avoir connu une période de très grande diffusion allant du dernier conflit mondial à la guerre de Corée, se voient maintenant reprocher un certain manque d’efficacité, leur portée utile ne dépassant pas 100 m. Ils ne diffèrent guère entre eux que par leur poids, l’organisation de la crosse, repliable ou fixe, et surtout leur système de sécurité. Le pistolet mitrailleur U.Z.I. de l’armée israélienne (fig. 2) peut être considéré comme un des plus représentatifs de cette famille. Il s’agit d’une arme à culasse percutante, fonctionnant par inertie, pesant 3,370 kg à vide, tirant la cartouche de 9 憐 19, par chargeurs de 25 coups à la cadence de 550 coups/minute. Elle fonctionne à volonté en rafales ou coup par coup. Étant très courte, sa ligne de mire est à œilleton. Le système de sécurité, très important sur ce genre d’arme, comprend outre la position de sûreté du sélecteur qui bloque la détente, une pédale qui bloque la culasse mobile tant que le tireur n’a pas la poignée bien en main.Le fusil à répétition, qui a été l’arme de base du fantassin jusqu’au second conflit mondial, se voit dévalorisé dans un corps de bataille moderne. Il conserve néanmoins sa primauté dans le domaine de la haute précision, où la rapidité de tir est secondaire et les problèmes de vibration de l’arme primordiaux. On conçoit en effet aisément qu’une arme semi-automatique ou entièrement automatique, dont certaines pièces importantes sont en mouvement avant le départ de la balle, soit handicapée vis-à-vis d’une arme à répétition.Une des armes représentatives de cette tendance est le fusil à répétition modèle F1 de l’armée française. C’est un fusil à lunette spécialement conçu et organisé pour les tirs de combats à longue portée ou le tir très précis de neutralisation à moyenne portée, au milieu d’une foule par exemple. Les performances de cette arme ont été popularisées par le Groupement d’intervention de la gendarmerie nationale (G.I.G.N.) qui le met en œuvre lors de ses interventions. Il tire la cartouche française de 7,5 憐 54 avec laquelle il permet des valeurs de dispersion très faibles, de l’ordre de s = 2 à 3 cm, à 200 m. Il permet à un tireur qualifié d’atteindre à coup sûr, et avec le maximum de discrétion, un homme couché jusqu’à 600 m et un homme debout à 800 m. On peut même envisager son emploi à plus longue distance, 1 000 ou 1 200 m, sur des engins puissants mais fragiles au repos: avions, hélicoptères, fusées atomiques tactiques.Toute la valeur intrinsèque de la précision de ce système repose sur l’association «arme-munition-lunette»; autant d’éléments qui peuvent être optimalisés plus ou moins aisément en centre d’étude. Mais conserver cette valeur dans l’environnement sévère du champ de bataille est le nœud du problème pour ce type d’armement où l’atteinte au premier coup est capitale.Depuis la guerre de Sécession, où des unités constituées de tireurs d’élite ont été mises en œuvre pour la première fois avec beaucoup de succès, les différents conflits ont vu leur emploi avec plus ou moins de fortune. Au cours du conflit vietnamien, les unités spécialisées américaines de snipers ont revendiqué en moyenne trois mises hors de combat pour quatre coups tirés sur des objectifs situés entre 200 et 900 m.Le fusil semi-automatique, bien qu’il fasse aujourd’hui figure de parent pauvre depuis l’apparition des fusils automatiques, présente l’avantage d’utiliser, quelle que soit sa puissance, la même munition que les armes collectives (mitrailleuses) avec une efficacité excellente sur objectif ponctuel jusqu’à 600 m. Le fusil semi-automatique français (FSA 49/56) est une des dernières armes de ce type en dotation. Il est d’une conception extrêmement simple, à l’exemple de la simplicité du fusil à répétition MAS 36. Les fusils semi-automatiques français sont remplacés par une arme automatique individuelle.Le fusil automatique est apparu, au cours de la Seconde Guerre mondiale, sous la forme d’une arme en tôle, mesurant 94 cm de long et pesant 4,5 kg, tirant en coup par coup ou en rafales la cartouche de 7,92 憐 32, aux performances beaucoup plus modestes que les munitions réglementaires pour fusils. C’était le M.P. 44 allemand, baptisé Sturmgewehr , dont l’apparition sur le front russe fit sensation.L’U.R.S.S. a utilisé la formule sans trop la modifier. Le Kalashnikow se présente sous la forme d’un gros pistolet mitrailleur, à crosse repliable ou non. Ne mesurant que 64 cm, crosse repliée, il pèse néanmoins 3,470 kg à vide. Fonctionnant par emprunt de gaz et verrouillage Mannlicher, il est alimenté par chargeurs de 30 cartouches. Sa cadence de tir est de l’ordre de 650 coups/minute. Il tire une munition de moyenne puissance, la 7,62 憐 39. Bien qu’il soit doté d’un sélecteur permettant de passer rapidement de la rafale au coup par coup ou à la sûreté, et que ses performances en semi-automatique soient bonnes jusqu’à 300 m, il semble qu’il ait été conçu spécialement pour le tir en rafales à courte distance.Au total, l’ensemble des pays de l’Est aura produit plus de 30 millions de Kalashnikow AK 47.L’armée soviétique, consciente des faiblesses de la munition en 7,62 憐 39, a fait étudier une nouvelle cartouche en 5,45 憐 39 qui est apparue en Occident vers 1978. Pratiquement, les performances de cette cartouche sont très semblables à celles de la cartouche occidentale de 5,56 憐 45 à balle M193. L’AK 47 a été modifié pour la nouvelle munition et le nouveau fusil, quelque peu amélioré par ailleurs, est connu sous le nom d’AK 74. Mis à part le calibre, les différences entre les deux armes sont minimes, elles concernent un nouveau chargeur en matière plastique renforcée et lèvres rapportées, un important frein de bouche démontable pour y substituer le dispositif de tir à blanc et une nouvelle tête de culasse. Comme pour l’AK 47, il existe une version plus puissante qui répond au sigle de RPK 74.De leur côté, les pays de l’O.T.A.N. ont formé le projet plus ambitieux de remplacer tout l’armement léger, à l’exception des mitrailleuses, par une arme automatique unique, pesant 4 kg mais tirant une munition d’arme collective, puissante, la 7,62 憐 51. Si l’on songe que, pour une cadence de tir de 700 coups/minute, la puissance développée par ces balles O.T.A.N. est de l’ordre de 50 ch, on conçoit que la limite de 4 kg posait un certain nombre de problèmes. Si les progrès de la technique moderne ont permis de résoudre les problèmes de résistance, celui du recul de l’arme ne l’a jamais été. Les munitions développant une puissance équivalente à celle de la munition O.T.A.N. n’avaient en effet jamais été employées utilement en rafales qu’avec des armes collectives pesant au moins 10 kg, et dont les réactions n’étaient pas toujours faciles à supporter. La formule E = i 2/2m (cf. supra ) prouve que l’énergie de recul à absorber, sur une arme de 4 kg, est 2,5 fois plus forte. L’emploi de freins de bouche suffisamment efficaces étant exclu à cause des ondes de choc qu’ils entraînent à hauteur des oreilles du tireur, le problème n’a pas encore été résolu.L’évolution de l’armement de base des États-Unis en est une preuve. L’adoption du fusil automatique M 14 tirant la puissante munition de 7,62 O.T.A.N. a très vite mis en valeur, au sein de l’armée, les défauts signalés précédemment. L’armée américaine a eu le courage d’en tirer rapidement les conclusions qui s’imposaient et, malgré le million et demi de M 14 produits, dix ans après son adoption, le M 16 était à son tour adopté. En 1965, ce type d’arme devait être la tête de file d’une longue lignée de fusils d’assaut conçus autour de la muniton de 5,56.Après des études et des essais extrêmement complets et sévères qui ont duré plusieurs années, l’armée française a adopté une arme automatique tirant la cartouche de 5,56 憐 45 à balle M 193. Cette arme dont le développement a été conduit par l’ingénieur général Paul E. F. Tellié est connue sous le signe de FA. MAS 5,56 F1. L’architecture de cette arme est très particulière et sa silhouette est très caractéristique (pl. photos). C’est le plus court des fusils d’assaut, sa longueur est de 75 cm, à comparer à celle des autres armes qui avoisine le plus souvent 1,05 m. Une telle longueur a pu être obtenue en plaçant le mécanisme de mise de feu et l’ensemble mobile à l’intérieur de la crosse. Une telle disposition porte le nom anglo-saxon de bull-pup . Bien qu’il soit très court, le FA.MAS est équipé d’un canon de 50 cm doté des accessoires nécessaires au tir des différentes grenades à fusil (antichars [AC] et antipersonnel/antivéhicule léger [AP/AV]).Le principe de fonctionnement de cette arme est à culasse non calée avec levier d’amplification d’inertie provoquant un retard à l’ouverture. L’arme est normalement équipée d’un bipied escamotable. Le chargeur contient 25 cartouches; le poids de l’arme est de 4,3 kg, chargeur garni. La cadence de tir en automatique est voisine de 1 000 coups par minute (c/min), un sélecteur de tir permet de choisir différents modes de tir: coup par coup, rafale limitée à trois coups et rafale illimitée. La portée utile de combat tant au tir à balle qu’en tir courbe à la grenade est voisine de 350 m. Ce fusil est produit en grande série. La France est donc la troisième nation à avoir adopté un armement tirant la cartouche de 5,56 mm, après les États-Unis et Israël.À diverses reprises, la question du contrôle de l’arme en cours de rafale a été évoquée, et il est apparu que ce contrôle n’a été acquis qu’en diminuant l’impulsion transmise au tireur par réduction du calibre et donc de l’énergie de la munition tirée. Bien entendu, les études n’ont pas été arrêtées là et d’autres voies se sont offertes, en particulier la possibilité d’assurer la maîtrise de tir en cas de tir en recul libre. Expliquons: supposons un mécanisme de tir capable d’un tir automatique à très haute cadence (entre 2 000 et 3 000 c/min), et supposons en outre que la rafale soit volontairement limitée à 3 ou 4 coups. Disposons alors ce mécanisme sur une glissière. À la cadence de 3 000 c/min, 3 coups sont tirés en 50 millisecondes environ. Si le mécanisme est libre sur la glissière, il reculera mais sans transmettre d’impulsion à son support si ce n’est au moment de l’arrêt. Enfin, mettons une carcasse autour et nous avons réalisé un fusil automatique tirant des rafales en recul libre, donc sans transmettre d’impulsion au tireur au moment où les projectiles sortent de l’arme. Lorsque après une course de 50 à 60 mm on arrête le mécanisme dans la carcasse, le tireur ressent l’impulsion mais il y a bien longtemps que la salve de projectiles est arrivée au but. C’est le principe de fonctionnement du fusil G 11 présenté par la firme Heckler und Koch.Bien évidemment, si l’on veut limiter la vitesse des pièces, il est nécessaire d’avoir des cartouches très petites. D’autres obligations entraînent la mise en œuvre de munitions sans étui. Il y aurait beaucoup de choses à dire sur ce système expérimental unique en son genre. Les études se sont poursuivies activement en Allemagne sur ce système.Armes collectivesLes armes collectives doivent être capables de tirs sur zones, puissants et nourris, jusqu’à 500 m environ, et d’interventions efficaces jusqu’à 1 000 m. Elles exigent au moins pour leur approvisionnement la coopération de plusieurs combattants et constituent généralement le matériel le plus puissant des unités élémentaires d’infanterie. Elles sont presque toutes approvisionnées par des bandes à maillons détachables et tirent uniquement par rafales. Leur capacité de tir, c’est-à-dire le nombre de coups consommables sans interruption, sans refroidissement ni échange de canon, varie entre 300 et 500 coups. Dans ce domaine, l’armée française est équipée de l’arme automatique modèle 52 au calibre de 7,5 et de son adaptation au calibre 7,62 O.T.A.N. qui a reçu l’appellation d’A.A. modèle F 1. C’est une arme dont la carcasse est en tôle épaisse, fonctionnant suivant le système à amplification d’inertie, équipée d’une crosse télescopique à épaulière et d’une poignée pistolet. Son canon peut se changer en quelques secondes, pour permettre des tirs prolongés par échange rapide du canon et sa transformation en deux versions. Un canon léger muni d’un bipied repliable et réglable en hauteur en fait un fusil mitrailleur de 9,8 kg, de moins de 1 m de long crosse repliée, et dont la capacité de tir est de l’ordre de 300 coups.Un canon plus étoffé, portant son poids à 10,6 kg et son encombrement à 1,1 m crosse repliée, en fait une mitrailleuse dont la capacité de tir est de 500 coups. Cette arme, utilisée sur un affût trépied pesant 11,3 kg, permet des tirs précis jusqu’à 1 000 m.2. Armes antipersonnel à tir courbeLes armes antipersonnel à tir courbe utilisent des projectiles explosifs, lancés à une faible vitesse initiale et sous un grand angle, capables d’atteindre un ennemi abrité contre les coups directs.Grenades à mainLes plus simples sont les grenades à main, qui se présentent en général sous deux formes. Les grenades offensives, pesant de 250 à 300 g, dont l’enveloppe est mince, agissent uniquement par le souffle et ne sont efficaces que lorsqu’elles explosent dans des enceintes fermées: tranchées, galeries. Les grenades défensives, pesant de 450 à 550 g, équipées d’une enveloppe épaisse, préfragmentée, agissent par projection d’éclats dans un périmètre assez important pour obliger le lanceur à se mettre à l’abri avant l’explosion. La pièce la plus importante de ces engins est le bouchon allumeur qui, tout en assurant la mise de feu, doit offrir une garantie absolue de sécurité pendant les transports et avant le lancement. C’est pour cette raison que, malgré l’apparition d’allumeurs percutants fonctionnant à l’impact, la plupart des armées sont restées fidèles au modèle fusant fonctionnant avec un retard de quelques secondes.La portée utile de ces engins est de l’ordre de 25 à 30 m, suivant la force et l’habileté des tireurs. Ces performances peuvent être améliorées par l’emploi de manches de lancement.Grenades à fusilLes grenades à fusil sont des projectiles plus puissants, pesant environ 500 g, équipés d’une fusée percutante permettant d’atteindre un ennemi abrité jusqu’à 100 m, par des tirs de plein fouet, et au-delà jusqu’à 400 m, par des tirs plongeants. Le corps de la grenade est vissé sur une douille très légère qu’on enfonce sur le manchon lance-grenades du fusil (cf. supra ). La partie arrière de la douille est munie d’ailettes, assurant la stabilité du projectile en vol. La propulsion est assurée par la combustion d’une cartouche sans balle tirée dans l’arme. Dans le tir de plein fouet, la grenade est tirée à vitesse maximale et le pointage se fait par l’intermédiaire d’une grille de visée et du maître couple de la grenade. Dans le tir plongeant, l’arme est pointée en direction du but et inclinée à 450 à l’aide de l’alidade de visée. On fait varier la vitesse initiale en modifiant l’enfoncement de la grenade sur le manchon.Les États-Unis utilisent comme arme de base un lance-grenades spécial, le M. 79, qui ressemble à un fusil de chasse à bascule. Le canon d’un calibre de 40 mm est très court et faiblement rayé. Le pointage se fait à vue directe, avec une hausse à très grande amplitude de réglage. L’arme étant épaulée et ne pesant que 2,8 kg à vide, le projectile propulsé par effet canon est d’un poids nécessairement réduit. Il se présente sous la forme d’un petit obus, stabilisé par rotation, encartouché dans un étui cylindrique. La cartouche complète pèse 254 g, le projectile 170 g. La portée utile est de 400 m.On se trouve, dans le domaine des armes antipersonnel à tir courbe, en présence de deux tendances nettement différentes. Du côté français, un souci de simplification et d’allègement conduit à faire jouer au fusil le rôle de lance-grenades antichar et antipersonnel. Ce système permet des interventions dont le délai est relativement long, mais d’une efficacité redoutable, puisque la partie active de la grenade antipersonnel est imposante et qu’elle tombe pratiquement à la verticale des trous ou des tranchées occupés par l’ennemi.Du côté américain, on n’a pas hésité à créer deux armes nouvelles. Une arme d’appoint antichar peu lourde, le M. 72 pesant 2,1 kg, et une arme de base légère, le lance-grenades M. 79, permettant des interventions très rapides, puisqu’il se manœuvre comme une arme de chasse, mais dont le projectile est un peu léger pour prétendre à une grande efficacité.Toutefois une nouvelle famille de projectiles se fait jour. Il s’agit des projectiles autopropulsés lancés par le fusil. Le système Rifle Assault Weapons (R.A.W.; États-Unis) en est un exemple.Tout provient de ce que lancer un projectile de 500 g environ à une vitesse de 70 m/s procure une impulsion voisine de 35 newtons-seconde (Ns), impulsion dont la valeur est ressentie parfois douloureusement par le tireur moyen non entraîné. Cette valeur de l’impulsion est toutefois considérée comme une limite. Afin de pallier cette difficulté, le projectile est doté d’un propulseur d’appoint qui est allumé par le tir du fusil. Si l’ensemble est bien calculé et s’il fonctionne de façon fiable, le tireur ne ressent que peu de chose, voire rien, et le projectile dont la masse atteint près de 3 kg pour 1,5 kg d’explosif est capable d’atteindre un objectif, après une trajectoire relativement très tendue, situé à 200 m, en moins de 1,5 s. En tir courbe, la portée maximale du R.A.W. est de l’ordre de 2 200 m. Ce type de munition, que l’on peut bien évidemment tirer d’enceinte close, devrait avoir un fort impact sur la tactique du combat en milieu urbain.3. Armes anticharsLes armes légères antichars utilisent exclusivement des projectiles équipés de charges creuses. Les charges creuses sont des charges explosives spécialement adaptées à la perforation de plaques de blindage épaisses. Leurs effets secondaires sont pratiquement nuls. L’ogive et le système d’amorçage sont organisés pour que la partie avant de la charge, creusée en forme de cône et garnie d’un revêtement métallique spécial, se trouve au moment de l’explosion à une distance bien déterminée de la plaque (distance d’attaque). Le revêtement est alors projeté à très grande vitesse, de l’ordre de 8 000 à 9 000 m/s, suivant l’axe de la charge, sous forme d’un dard porté à très haute température. La profondeur de pénétration est évidemment fonction du poids de la charge, mais surtout de son diamètre. Le trou de sortie est d’un diamètre beaucoup plus faible que celui de la charge.Les projectiles d’armes légères percent au moins 300 mm de blindage homogène. Les charges creuses perdant rapidement leur efficacité à partir d’une certaine vitesse de rotation, les projectiles qui en sont équipés ne peuvent pas être stabilisés par effet gyroscopique. Il serait exagéré de dire que la perforation de la caisse d’un véhicule blindé par une charge creuse d’une arme légère entraîne automatiquement sa destruction, mais il est à peu près certain que les produits projetés à l’intérieur du char, en provoquant au moins un début d’incendie, contraignent l’équipage à une évacuation temporaire.Les armes antichars étant destinées à la destruction d’objectifs mobiles ne peuvent être que des armes à tir tendu. L’efficacité des charges creuses ne variant pratiquement pas en fonction de la vitesse d’impact, la portée utile de ces armes est limitée par leur précision et leur vitesse initiale. Il est couramment admis dans ce domaine de prendre, comme portée utile de combat sur véhicule en mouvement, celle qui correspond à une durée de trajet de 1,2 s. Compte tenu du poids relativement élevé des charges nécessaires, il est pratiquement impossible d’obtenir par effet canon des portées utiles supérieures à 50 m. Les armes antichars sont donc pour la plupart du type roquette, ou sans recul. Dans les deux cas, le recul de l’arme est nul ou faible, mais les projections de gaz vers l’arrière sont très importantes. Ces armes présentent donc deux inconvénients: elles manquent de discrétion, car le panache des fumées d’échappement est visible, et elles exigent un espace plus ou moins grand, libre de tout obstacle et bien entendu de tout combattant à l’arrière du tube de lancement.Les grenades à fusil antichars (fig. 3) sont des armes d’appoint nécessitant l’emploi d’un fusil, spécialement équipé pour ce genre de tir (cf. supra ). La position de tir la plus efficace est celle du tireur couché. Le bec de crosse étant enfoncé dans le sol à hauteur de la hanche droite, le poids du corps portant sur le coude gauche, la main gauche maintenant le fût en direction, le tireur actionne la détente sans prendre la poignée de crosse pour éviter le choc dû à la brusque réaction de l’arme. Le procédé de pointage utilisé est identique à celui de la grenade antipersonnel tirée de plein fouet. Pesant 500 g, mesurant 42 cm de long, la grenade antichar française AC de 58 mm perfore plus de 300 mm de blindage, et sa portée utile est de 70 m sur but mobile et de 90 m sur char arrêté.RoquettesLes lance-roquettes, ou bazookas, peuvent être considérés comme armes d’appoint ou armes collectives suivant leur calibre, l’organisation et le poids du tube de lancement. Les projectiles sont du type autopropulsé, c’est-à-dire qu’ils contiennent leur propre dispositif de propulsion. La tête active est une charge creuse, montée sur un corps cylindrique creux contenant la charge propulsive et terminé à l’arrière par une tuyère centrale et un empennage de stabilisation. La vitesse initiale et, par conséquent, la portée utile de ces projectiles sont limitées par le fait que leur précision n’est acceptable que si la combustion de la charge propulsive est terminée avant qu’ils ne quittent leur tube de lancement. Mais actuellement, dans le cadre du combat antichar, le principal problème concernant ces systèmes d’arme réside encore dans leur signature au départ du coup, c’est-à-dire dans les énormes flamme et quantité de gaz dégagées par la roquette. Cet aspect de leur mise en œuvre condamne pratiquement leur emploi pour le combat en zone urbaine et plus particulièrement le tir de ces armes en enceinte close.À cet effet, l’Allemagne a étudié un système évitant ces inconvénients; il s’agit de l’Armbrust (arbalète) qui est un système portable (coup complet 6 kg) et jetable. Tiré à l’épaule, la portée maximale pratique du projectile serait de l’ordre de 300 m. La charge creuse d’un calibre de 60 mm a une capacité de perforation de l’ordre de 300 mm d’acier à blindage.D’un autre côté, le système français, le lance-roquette antichar (LRAC) de 89 modèle F1 représente la tendance la plus courante. Portable, il est composé de deux fardeaux dont l’un est jetable après le tir. Le tube lanceur pèse environ 5,5 kg et la munition avec son conteneur qui s’adapte au bout du tube environ 3 kg. D’une portée voisine de 400 m, le projectile a un calibre de 89 mm, ce qui lui confère un pouvoir de perforation d’au moins 400 mm. Cette arme est remplacée par l’antichar à courte portée (ACCP) qui a une capacité de perforation supérieure à 600 mm et une portée utile voisine de 600 m lorsque le lanceur est monté sur un petit poste de tir.Canons sans reculLes armes antichars du type canon sans recul sont plus lourdes, mais semblent permettre de meilleures performances. Quoiqu’un peu lourd pour être vraiment considéré comme une arme légère, le représentant le plus typique de cette famille est le Carl-Gustaf, d’origine suédoise. Équipée pour le tir, cette arme pèse 16 kg et mesure 1,13 m de long. Son tube de lancement en acier rayé au calibre de 84 mm est terminé à l’arrière par une culasse pivotante en forme de divergent. Le tireur dispose de deux poignées (dont une assure la percussion mécanique), d’une épaulière et d’un bipied. Une lunette optique amovible permet une visée très précise. Cette arme peut tirer quatre modèles de projectiles qui sont encartouchés dans une douille métallique dont le culot est fermé par un opercule, chassé par la pression des gaz au moment du départ du coup.Le projectile antichar, équipé d’une charge creuse, est stabilisé aérodynamiquement. La ceinture de prise de rayures tourne en effet librement sur le projectile pour limiter la vitesse de rotation à un niveau tel que le pouvoir perforant de la charge creuse reste supérieur à 300 mm. Le poids du coup complet est de 2,5 kg, la portée utile de 350 m sur but mobile, et de 450 m sur objectif fixe. Les autres projectiles sont stabilisés par rotation. Leur poids est de l’ordre de 3,2 kg et leur portée utile de 1 000 m pour les modèles antipersonnel et fumigène et de 2 000 m pour le modèle éclairant.Tant que les troupes à pied constituaient l’essentiel des armées de terre, il était normal que les unités élémentaires d’infanterie fussent organisées autour d’une arme collective antipersonnel à tir tendu. Les corps de bataille modernes faisant appel à des quantités toujours plus importantes de véhicules blindés, il est logique de prévoir une évolution dans ce domaine. L’apparition d’armes de base du genre Kalashnikow, susceptibles de remplacer un fusil mitrailleur jusqu’à 300 ou 500 m, permet en effet d’envisager l’emploi d’armes antichars polyvalentes du genre Carl-Gustaf comme armes collectives du groupe de combat.Missiles téléguidésLes missiles téléguidés sont actuellement les armes antichars les plus puissantes dont peut disposer le fantassin. Le système Milan, ou missile d’infanterie léger antichar, est très représentatif de toute cette génération d’armes, qui s’étend du T.O.W. (Tube, Opticaly, Wire) américain au SAGGER des pays de l’Est. Le Milan est le fruit d’une coopération franco-allemande. L’engin autopropulsé, filoguidé est équipé d’une tête militaire extrêmement puissante (capacité de perforation supérieure à la cible O.T.A.N. «triple char lourd»). Le missile atteint sa portée utile maximale, 2 500 m, en 13 s. Le poids de la munition en ordre de tir est de 11 kg et celui du poste de tir voisin de 17 kg. Le poste de tir comprend le système de visée, l’ensemble de mise de feu, la télécommande avec le calculateur associé.Pendant toute la durée du vol du missile (13 s au plus), le tireur maintient la lunette de tir pointée sur la cible en cours d’évolution et le poste de tir transmet automatiquement au missile, qui est suivi grâce à son traceur infrarouge, les corrections de vol, élaborées par le calculateur du poste de tir, nécessaires pour le conduire au but.Ce système a été adopté par 35 nations. Plus de 150 000 missiles ont été vendus et il en est encore produit à la cadence de 1 800 unités par mois.4. Armes antiaériennesLes armes collectives antipersonnel à tir tendu ont été longtemps utilisées pour la défense antiaérienne rapprochée. Les vitesses d’intervention des avions modernes sont désormais à des niveaux tels que ce genre d’action est devenu très aléatoire, et qu’il n’est plus prévu de dispositifs auxiliaires destinés à les améliorer: supports spéciaux, systèmes de visée, etc. En revanche, on assiste à la naissance d’armes nouvelles.5. Mines et piègesLes mines et pièges sont des armes aussi vieilles que l’invention de la poudre. Elles consistent à faire exploser une charge au moment du passage de l’adversaire. L’apparition d’explosifs malléables appelés couramment «plastic» et d’allumeurs dont la diversité défie l’entendement permet au combattant de réaliser des pièges dont la variété n’a pour limite que celles de son imagination. Il existe néanmoins un certain nombre de pièges types, appelés mines, fabriqués en série à partir de matériaux si possible amagnétiques pour compliquer leur détection lorsqu’ils sont enterrés.Les mines antipersonnel les plus efficaces sont du type «bondissant». Elles se composent d’un pot cylindrique dont le fond plat est garni d’une charge, dite de dépotage. Le corps de mine, de forme cylindrique, est logé dans ce pot et comprend un détonateur à traction, relié au fond du pot par un câble lové de 1,50 m de long environ, et une charge d’explosif entourée de projectiles, billes d’acier par exemple. L’allumeur de départ met le feu à la charge de dépotage, qui projette le corps de mine à la verticale. Ce dernier éclate quand le fil de liaison est tendu, provoquant la projection à l’horizontale de tous les éléments qu’il contient, ce qui le rend très meurtrier. Les mines de ce type de la Seconde Guerre mondiale avaient un rayon d’action mortel voisin de 100 m pour tout homme debout à découvert.Beaucoup plus pernicieuses sont les mines qui peuvent être répandues par avion lent ou hélicoptère et condamner ainsi de grandes étendues à tout déplacement à pied. Ces objets (car ils peuvent ne ressembler à rien de bien précis) ont un effet antipersonnel certain, même si leur aire d’efficacité sur zone est quasi nulle.Mais, là aussi, l’électronique a pénétré et il existe des systèmes, largables par avion, activables à volonté par radio et qui sont capables soit de renseigner de tout mouvement qui s’effectue dans leur zone de détection (très efficace pour suivre et éventuellement anéantir les colonnes qui se déplacent de nuit), soit de provoquer la mise à feu de tout l’ensemble de pièges qu’on y aura associé.Quant à la mine antichar... on prétend même qu’elle est parfois devenue intelligente! Quoi qu’il en soit, elle a pu bénéficier de tous les progrès que la technique peut mettre en œuvre au regard de l’objectif de choix que représente un véhicule blindé compte tenu de son coût, d’une part, mais aussi de son intérêt potentiel, d’autre part.Plus qu’une longue explication, il suffit de savoir que ces armes abandonnées sur le terrain sont capables de détruire un blindé qui passe jusqu’à 100 m de l’endroit où elles sont tapies, qu’elles sont aussi théoriquement capables d’interdire le passage aux seuls ennemis et que, sur une information qu’elles ont en mémoire, elles se mettront au repos.En un mot, il suffit de laisser vaquer son imagination et de se dire que l’on est sûrement très loin du compte.
Encyclopédie Universelle. 2012.